« Lubrizol a tenté, Lubrizol a échoué. Les experts judiciaires restent sur leur position : c'est bien chez eux, selon leur longue enquête, que le feu a pris. Normandie Logistique ne servira pas de joker à l'industriel », a réagi sur Twitter l'Union des victimes de Lubrizol, vendredi 20 janvier 2023 au soir. Cette réaction de l'association de défense des sinistrés de l'incendie du 26 septembre 2019 fait suite à la notification d'un nouveau rapport d'expertise judiciaire aux parties civiles dans le cadre de la procédure pénale ouverte après la catastrophe.
Dans ce rapport, dont Actu-Environnement a pu consulter les conclusions, les experts confirment la zone de départ de feu qu'ils avaient identifiée lors d'une précédente expertise rendue en décembre 2020, mais « sans toutefois pouvoir l'affiner davantage ». Ils privilégient l'hypothèse d'un départ de feu sur l'emprise de la société Lubrizol « au niveau du stock de produits finis longeant le mur mitoyen ». Celle de la propagation de l'incendie dans l'usine à partir de son voisin NL Logistique est en revanche « très fortement minimisée ». « Le rapport d'expertise complémentaire ne confirme en aucun cas que l'incendie est parti côté Lubrizol », réagit cependant l'avocate de l'industriel, estimant que le départ de feu côté Lubrizol n'est qu' « une simple hypothèse ».
Quant à la cause du sinistre, les experts ne parviennent pas à en privilégier une entre les deux possibles. La première est une cause technique « qui pourrait être liée à une source d'énergie dans la zone d'intérêt ». La seconde est une cause liée à une intervention humaine. Un rapport d'inspection remis à la ministre de la Transition écologique en février 2020 avait révélé la présence de grands récipients pour vrac (GRV) contenant des substances inflammables dans cette zone mitoyenne déjà identifiée comme étant à la source de l'incendie. Il avait également révélé la présence de quatre employés d'une entreprise de sous-traitance lors du départ du feu.
Lors de l'incendie de l'usine Lubrizol et des entrepôts de NL Logistique, plus de 9 000 tonnes de substances chimiques et de produits combustibles avaient brûlé, le panache de fumée laissant craindre des conséquences sur la santé des populations exposées. À la suite de l'événement, plusieurs plaintes avaient été déposées et le parquet de Rouen avait immédiatement ouvert une enquête. Le 29 octobre 2019, le parquet de Paris, qui avait repris l'affaire, avait ouvert une information judiciaire et l'avait confiée à trois magistrats instructeurs du pôle santé publique du tribunal de Paris. Le 27 février 2020, ceux-ci avaient mis en examen la société Lubrizol et placé NL Logistique sous statut de témoin assisté.